POUR DÉBUTER L’AVENTURE …
Je situe les prémices de cette exposition à ma tendre adolescence, passée essentiellement à faire du vide existentiel et de facto social qui m’habitait un ami de longue date duquel j’eue par suite toutes les peines du monde à me défaire : ma dépression.
Cette dernière décida un beau jour de se personifier sous la forme d’une interrogation, à la première rencontre innocente, quasi superficielle, elle finit par hanter mes jours et repousser mes nuits :
What do you want ?
D’une banalité sans nom, elle s’est imposée depuis comme une forme de mantra lourd d’implications, auquel je ne trouve que peu de réponses.
Qui suis-je ? Quels est le sens que je donne à mon chemin de vie ? Comment m’épanouir, malgré l’angoisse noogénique qui m’assaille ?
Tel une condensation à la fois simpliste et élégante de l’entièreté de mes questionnements existentiels, cette auto-interrogation fondamentale prit très vite la forme d’une obsession …
What do you want ?
Les mots s’accrochèrent à moi comme les tentacules de ces poulpes au regard glaçant, qui entrelacent durant des siècles les guerrières d’estampes nippones.
What do you want ?
Pourquoi en anglais, pourrait-on ensemble se demander ? Eh bien, tout simplement parce que mon cortex en a décidé ainsi, à un âge auquel cette langue m’était pourtant encore presque étrangère. Cette indéchiffrable concentration de lipides et d’eau qui trône au sommet de mon corps s’est amusée, depuis, à faire avec un certain humour murir cette question en la déclinant, afin d’approfondir son potentiel de réflexion. WHAT do you want ? s’est ainsi gentiment frayé un chemin aux côtés de what do YOU want ? Ou encore de what do you WANT ?
Ne sachant jamais précisément répondre à ces interpellations, un hiver, alors qu’un froid glacial me poussait à l’intérieur, j’ai tenté l’expérience – j’ai (parenthèse ouverte) toujours été fascinée de la façon dont la mise en récit fictive emprunte aux saisons un caractère poétique, comme si la simple nomination de ces dernières ajoutait une profondeur au propos (parenthèse close). L’art, toutes formes confondues, s’est alors imposé à moi comme un moyen non pas de trouver une solution au problème, mais plutôt d’explorer davantage les indénombrables possibilités que m’offraient ces réflexions.
Je conçois ce site comme une exposition interactive en constante construction. Il vous propose d’entrer chez moi, au sein de cette bâtisse branlante dont le socle est une simple question. Les réponses parfois absurdes, souvent volontairement sommaires, que j’y trouve, forment des propositions d’échos auquel chacun.e peut, ou non, s’identifier. Celles-ci s’accompagnent d’images et de textes qui dessinent les fondations de ce que je considère être ma demeure, mon Moi.
Cet espace de partage ne se veut en aucun cas exhaustif, éducatif, politiquement correct ou même réussi au sens productif du terme. L’art que je crée vise au fond simplement à ajouter un peu d’honnêteté dans ce que j’exprime du monde qui m’entoure. Je le conçois comme un moyen de me confronter à mes limites afin, qui sait, d’y rencontre l’Autre ? J’espère ainsi qu’au passage, l’un.e d’entre vous trouvera en cet espace une bribe d’inspiration.
A FEW EXPLANATIONS TO BEGIN WITH
The idea of this exhibition goes back a few years, when a simple and yet decisive question popped into my head for the first – and alas not quite the last – time :
What do you want ?
This trivial and quite banal sentence imposed itself to me since then as a mantra of some sort, which seems to trigger my mind daily. My frankly sometimes poor intellect indeed struggles to find any answer to this interrogation.
Who am I ? What is the meaning I find to this life ? How do I come into blossom ?
All of these existential questions seemed to inevitably lead me to this simple yet fundamental self-interrogation : What do you want ?
With time, my funky brain eventually decided to decline the sentence in order to nourish its thinking potential. WHAT do you want ? hence emerged in my head next to what do YOU want ? or what do you WANT ?
Never knowing exactly how to respond to these endless interrogations, I one day decided to try nevertheless. Art, in all its forms, imposed itself to me not as a way to find any solution to this, but rather to explore the countless possibilities offered by these reflections.
I perceive this website as a never-ending exhibition. It proposes you to come to mine, into my Self, to this shaky Home from which the base can be regarded as a simple question. The somehow absurd and simplistic answers I’ve found to it are merely propositions to which, if you feel like it, you may respond by leaving comments along the way. They echo the images and texts which I consider to be the foundations of my Home, and my Self.
This shared space aims in no way to be exhaustive, educative, politically correct, or even a success of some kind. The art I create is simply a way for me to put a little bit of honesty in the means I choose to express myself about the world. I perceive it as a process, to confront myself to my limits and, who knows, perhaps by doing so meet the other along the way ? I thus hope that my work can incidentally bring some inspiration to some of you.
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Thanks 🙂
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